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Un avril à Séville (17 et dernier)

 

Dimanche 17 avril : c'est fini...

La nuit compte les chiens
se trompe
et sans fin recommence

Federico Garcia Lorca

 

C'est fini.
A l'heure où on écrit les dernières lignes de cette dernière chronique, la Feria de Séville 2016 est terminée. Le dernier toro est sorti mort derrière les mules, en dessinant sur le sable un dernier point d'interrogation.
La nuit est tombée, et chacun s'empresse de rentrer chez soi.

 

 

Seizième corrida de l'abonnement, dernière de la Feria d'avril. Trois quart d'entrée. Six toros de Miura pour Rafaelillo, aubergine et or (salut aux tiers et oreille), Javier Castaño, blanc et or (salut aux tiers et silence) et Manuel Escribano, fuchsia et or (salut aux tiers et silence).

Incident de course : après les banderilles au premier toro d'Escribano, un espontaneo à sauté en piste, son pull over à la main en guise de muleta. Le Miura a démarré sur lui en trébuchant, et à chuté, ce qui a certainement sauvé la vie à l'impétrant. Les banderilleros l'ont alors évacué sans ménagement dans le callejon où il a été "pris en charge" par la police. On ne sait pas si quelque chose subsiste des pires époques dans l'ADN des flics espagnols, mais force est de constater que quand ils peuvent casser la gueule à un type sans défense, à cinq contre un, ils ne laissent jamais passer l'occasion...

Heureusement, la véritable image de cette dernière corrida du cycle férial est tout autre. Une image belle et mélancolique : le crâne rasé de Javier Castaño, qui a toréé cet hiver le fameux toro du cancer, avec semble-t-il tout le succès qu'on lui souhaitait. Image de l'extrême engagement de tous ces hommes de lumières qui jouent leur vie sur le sable pour nous aider à réfléchir à la notre...
On se dit que, sortant d'un long marathon de chimiothérapie et de dures séances de rayons, on n'aurait peut-être pas comme premier réflexe de se mettre devant les toros de Miura de cet après-midi... Mais c'est ainsi, et la Feria s'est achevée sur les images exceptionnelles de deux hommes exceptionnels : hier Juan José Padilla, éborgné voici quelques années par un toro, et Javier Castaño, tout juste réchappé d'un cancer, et qui continuent, pour eux et pour nous, à tutoyer leur plus haute liberté...

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C'est donc fini. On interrompt ce soir cette saga sévillane, dix-sept jours de suite pour décrire la fête des matins clairs et les toros de la nuit.
On s'arrête ici.
À bientôt.
Là, il fait nuit...