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Un avril à Séville (2)

Samedi 2 avril : le serment

Je m’étais pourtant jurer de ne plus rien acheter… D’abord parce que je n’ai plus un rond, ensuite et surtout parce que je suis là pour, à la fin du mois, déménager mon fils, et que la camionnette est déjà virtuellement chargée jusqu’aux essuie-glaces…

Mon fils a décidé d’embrasser – entre autres – la merveilleuse profession de brocanteur (brocanteur deux point zéro, mais brocanteur quand même !). Cet enfant a trop été exposé à Zocato et à ses histoires dans sa jeune enfance, et voilà le résultat…

Depuis quelques années qu’il vit à Séville, il a accumulé dans sa chambre des cartons de vêtements, six guitares et quelques milliers de cordes neuves, des collections de briquets, de cartes postales, de timbres, de carafes en cristal de bohème et de peignes à moustache. Il ne reste plus qu’un étroit sentier pour mener jusqu’au lit. La dernière collection, 1500 porte-clés, il l’a achetée à la mi-mars (on avait négocié : « C’est vraiment la dernière, parce que c’est pas sûr que ça rentre dans le van… »). C’est bien connu, tout le monde a besoin d’avoir 1500 porte-clés chez lui, surtout par les temps qui courent… Mais l’histoire vaut son pesant de cacahouètes, et je me suis aperçu depuis un certain temps qu’en fait, ce sont les histoires que mon fils achète, beaucoup plus que les objets. Bref, il trouve l’annonce sur un site, et le gars lui donne rendez-vous dans un bar, avenue Luis Montoto, près de Nervion. Il trouve là un homme très sympathique, avec lequel il partage une bière en parlant de la collection. Puis le gars lui dit : « Si tu veux, on va la voir ? » Ils se lèvent, et l’autre l’amène vers l’entrée du Sanchez Pijuan, le grand stade du Séville Football Club : « Il faut que je t’explique… En fait, mon grand père et mon père étaient les masseurs officiels du club ; et on a toujours vécu dans le stade, dans une petite maison. C’est là qu’est la collection… » Ils rentrent dans le stade – coup d’œil sur le terrain et les tribunes, photos – et ils arrivent effectivement devant une maisonnette, appuyée sur le mur d’enceinte du stade. Là, dans une des chambres, mille cinq cent porte-clés, religieusement accrochés, couvrent l’ensemble des quatre murs ! Le père a enrichi sa collection de l’âge de vingt ans à celui de quatre-vingt, où il a prit sa retraite de maniaque… Chaque fois qu’il accompagnait le club, en Espagne ou à l’étranger, il enrichissait sa collection, qui comporte entre autres une section dédiée au football européen des années 80 tout à fait remarquable…

Bref, j’avais juré – et lui aussi – de ne plus rien acheter.

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Toréo de salon et stands diversement tristes, c’est le Salon du Tourisme taurin, ce week-end à Séville…

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Mais ce matin, en visitant le Salon du Tourisme taurin qui se tient à la Députation de Séville, en face des jardins du Murillo, juste à côté de chez nous, je tombe entre autres stands sur celui de Cuadernos de Tauromaquia, la belle revue d’Alvaro Acevedo, un de mes journalistes préférés, un vrai indépendant, qui ne mâche jamais ses mots très longtemps, et qui fait figure de belle exception dans le monde frileux et obséquieux de la presse taurine andalouse.

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 Sur la Une du dernier numéro, Paco Ojeda et Alejandro Talavante jouent aux échecs…

Les Cuadernos sont une revue très riche, souvent très bien écrite, avec des idées de reportages et des angles très singuliers. Le seul problème, c’est qu’on ne la trouve pas en France, et qu’on ne peut pas s’abonner.

« Pour envoyer une revue par la Poste en France, ça me revient plus cher que le numéro !... » Alvaro se désole : « Tu veux pas aller la chercher à Irun ? J’ai des gens du Sud-Ouest qui se la font livrer là-bas… » Je lui explique que par rapport à Lagrasse, ça me reviendrait encore plus cher que la Poste. Bref, il me conseille de profiter de l’offre exceptionnelle qu’il propose pendant ce week-end aux visiteurs du Salon : les trente numéros parus, 70 euros au lieu des 280 de leur valeur faciale. Alvaro Acevedo est un type très sympathique, et surtout il parle à une vitesse impressionnante un andalou parfait. Bref, un coup sur deux, on ne comprend rien à ce qu’il raconte. Au bout de quelques histoires et de deux verres de Manzanilla, je me suis vu casser mon serment (exactement comme on dit casser un plaquage au rugby…), et je suis reparti avec un carton supplémentaire, qui pèse un toro mort.

Mon fils n’a pas relevé la contradiction. Il a soupesé le carton, et il n’a rien dit. Très classe, le petit…

JMM

 

 

Miscellanées gourmandes du jour : La bodega Gaviño...

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Là, il faudra quand même prendre la voiture. Oh, pas loin, dix kilomètres du centre ville, jusqu’à Camas, jusqu’au fameux rond point si taurin où l’ombre de Curro plane toujours un peu… En général, on s’arrête là-bas, à la Pañoleta, en revenant d’Ikéa ou du Carrefour Géant qui s’étalent de l’autre côté de l’autoroute.
Sur le rond point, on prendra la calle de la Pañoleta, qui il n’y a pas si longtemps était encore une impasse, et se garera comme on pourra, le plus près de la dernière maison sur la droite, juste avant les friches et le nœud autoroutier qui vous jettera, si vous n’y prenez garde, vers Mérida, Huelva ou Séville…
Cette dernière maison à droite, c’est la bodega Gaviño, où l’on trouve en tonneau et au verre toutes les sortes de vins blancs andalous, Manzanilla, Fino, Vino de Pasas, Moscatel, Duro, Vermut, Mistela et Solera, du plus vert au plus amontillé. On les consomme sur place, mais on peut aussi les emporter à la demande, dans de magnifiques bouteilles en plastique, type litre d’huile avant embouteillage. Le décor est parfait, dans un jus intact des années quarante, et les tapas de jambon et de fromage sont impeccables…
Bodega Gaviño, Calle la Pañoleta, 18, 41900 Camas.

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