Jean Lacouture est mort avant-hier, à 94 ans. Grand amateur d’Opéra et de Tauromachie, il a servi de sa plume une idée très personnelle de l’écriture journalistique.
Ce n’est pas lui manquer de respect que de souligner qu’il était un aficionado d’une autre époque. Celle de l’aventure et du romantisme. Des voyages interminables et des chambres d’hôtels de toreros. Il nous avait il y a vingt ans raconté une histoire délicieuse qui lui était arrivé : il était tout entier dans cette histoire, franc, enthousiaste, sans cacher les erreurs qu’il pouvait commettre.
« J’avais eu la chance d’assister un été à un grand triomphe d’Antonio Ordoñez, que j’admirais beaucoup. A la fin de la corrida, je file à son hôtel et je vais le rejoindre dans sa chambre pour le féliciter. Mais je parlais très mal espagnol, et je lui lance en entrant : Maestro, que fracaso ! Je voulais lui signifier que pour moi, il venait de casser la baraque, ni plus ni moins. Or, je l’appris par la suite, Que fracaso veut plutôt dire en espagnol Quel désastre ! J’avais péché par enthousiasme. Mais Ordoñez était un seigneur : une fois la première surprise passée, il m’a souri gentiment, sans relever… »
Jean Lacouture, qui s’était éloigné des arènes depuis de nombreuses années, aurait bien eu du mal à reconnaître sa passion et ses toreros dans le mundillo d’aujourd’hui…
Le site de l’Observatoire des Cultures taurines republie aujourd’hui un excellent entretien sur la tauromachie de François Zumbielh avec Jean Lacouture. On pourrait retenir cette phrase, dont on ferait bien son propre codicille : « Je regretterai les taureaux, de même que les dames dévêtues »…
http://www.culturestaurines.com/lacouture_temoignage
Et pour ceux qui veulent aller plus loin, voici ce documentaire de France 5, un portrait de Jean Lacouture par son ami Jean-Claude Guilbeau