Ce matin, exceptionnellement, il n'est pas allé jouer au golf. C'est sa grande passion, et il connait par coeur la carte de France et d'Espagne des terrains de golf pas trop loin des arènes. Ce matin, il a laissé dans le camion de la cuadrilla le long sac de cuir à 6 compartiments, série complète, sandwedge, putters et bois en tout genre. Il s'est installé dans un long transatlantique sur le bord d'une piscine bleu lagon, dans un hôtel moderne sur les hauteurs de la ville. Juste devant lui, la caméra de "Signes du Toro". Il a longuement parlé de ces vingt cinq années d'alternative qu'on ne cesse de lui fêter, d'une arène à l'autre, tout au long de cette saison 2015. De cette extraordinaire carrière sur les hauteurs. Enrique Ponce n'a pas transformé la tauromachie, il n'a rien inventé qui aura un avant et un après, il n'a pas foulé de nouveaux terrains interdits. Il s'est contenté, pendant un quart de siècle, de sublimer le toreo tel qu'il existe depuis Damaso Gonzalez et Paco Ojeda. En y réintroduisant un classicisme et un sens du goût qui en agacèrent parfois certains. Enrique Ponce marquera l'histoire de la tauromachie par la constance et la perfection de sa tauromachie pure, par son intelligence à comprendre tous les toros et sa capacité à transformer les pires.
La leçon qu'il a donné ce soir à Mont de Marsan, devant trois toros très différents, est de celle qu'on a du mal à oublier. Et si la fortune des épées s'était montrée plus aimable, il lui aurait fallu vider le sac de golf pour y faire tenir toutes les oreilles qu'il méritait.
Dans le callejon, pendant que Fandiño, qui s'est enfin retrouvé pleinement devant son dernier adversaire, un grand toro dont il sut prendre la mesure, coupait deux oreilles bien méritées, Ponce racontait encore et encore, geste à l'appui, comment le cinquième s'était laissé aller dans sa muleta, en douce confiance. Il exprimait alors la joie et l'innocence d'un gamin, des étincelles plein les yeux. On aime la tauromachie pour ces instants miraculeux qui vous font oublier les orages qui arrivent et les verres consignés.
Alors attention, retenez bien le nom d'Enrique Ponce ! Dans les années qui viennent, il faudra compter avec ce jeune !...
Autrement, les ris de veau de l'hôtel des Pyrénées n'usurpent en rien une renommée grandissante.
Mont de Marsan, troisième corrida de la Féria de la Madeleine
Plein ou peu s'en fallait
Toros de Victoriano del Rio (1, 2, 3 et 6), un de Cortes (5) et un sobrero de Juan Pedro Domecq (4)
Enrique Ponce, oreille, vuelta, oreille
Ivan Fandiño, oreille, saluts aux tiers et deux oreilles
Vidéo de la fin de faena du dernier toro de Ponce