Affiche_Mont-de-Marsan_2015

Affiche féria Mont-de-Marsan 2015

Affiche_Mont-de-Marsan_2015

C’est le peintre Hervé Di Rosa qui a réalisé l’affiche de la prochaine  de la Madeleine, qui se déroulera à Mont-de-Marsan du 22 au 26 juillet prochain. L’artiste sétois, qui a vécu à Séville les quatre dernières années et qui est à présent installé à Lisbonne, a livré, dans le texte que voici, son sentiment sur les arènes du Plumaçon et son propre itinéraire d’aficionado :

« La dernière fois que j'ai mis les pieds dans les arènes de Mont de Marsan, j'avais 17 ans, les cheveux bleus, un blouson noir, une bande de copains équivoques, et venait de Sète en train pour assister à des concerts qui ont laissé une trace insondable dans l'histoire de la musique populaire européenne : "Mont de Marsan Punk festival", premier et dernier en son genre qui réunissait tous ceux qui deviendraient des classiques de la musique populaire anglaise. Mémorable moment dans ma vie d'adolescent qui allait avoir aussi une grande importance dans ma peinture.

Là d'où je viens, à Sète, il n'y a pas d'arène, pas de toro, pas de torero, mais des joutes et des jouteurs. Heureusement j'ai eu la chance, quand j'étais encore jeune, d'être initié à la tauromachie par de grands connaisseurs. Peu à peu, j'ai découvert différentes férias, différentes arènes, chacune avec son histoire, ses manières, son public. On ressent tout de suite la personnalité d'une arène, sa musique, son silence, sa couleur. J'ai réalisé peu d'œuvres sur la tauromachie car elle est pour moi trop sensible, intense et grave. Dans les quelques peintures ou gravures qui s'y réfèrent, je m'intéresse plus à la foule qu'à la relation toro/torero dont je me sens incapable de transmettre la puissance, au-delà de la création et la compréhension. Pour moi, la corrida ne peut être un sujet ni un thème, elle est un art en soi qui ne souffre aucune reproduction. C'est un moment sacré et vulgaire à la fois, qui demande des heures d'apprentissage pour être capable d'en saisir la beauté fulgurante. Et la fête qui l'entoure est une fête imposante car la mort de l'animal est au centre. Pourtant, il est vrai que, parfois, le spectacle a lieu tout autant dans les gradins que sur le ruedo, ce qui devient vraiment évident quand on voit certaines corridas : je me souviens en particulier des fêtes de Huamantla au Mexique.

Pour Mont de Marsan, dont je connais la réputation de place sérieuse et festive à la fois, j'ai imaginé une foule joyeuse de Renés, cyclopes fétiches qui vivent dans mes peintures depuis plus de trente ans. Mes personnages ne sont heureux que quand ils sont nombreux, soit ils font la fête ensemble soit ils meurent dans la solitude et disparaissent ! Je voulais ainsi rendre hommage à ces rares moments où les gens sont ensemble pour partager une passion. J'ai utilisé le bleu sous influence des azulejos portugais que je réalise en ce moment à Lisbonne et le cercle de l'arène qui concentre l'énergie de la foule. Pour moi c'est une foule bienveillante mais exigeante et passionnée, pour qui la fête est aussi sacrée que les toros. J'ai vécu à Séville et je sais que le mundillo au-delà des Pyrénées respecte et envie les aficionados français comme ceux de Mont-de-Marsan, qui grâce à leur engagement et leur passion parviennent à maintenir et transmettre la tradition vivante de cet art exceptionnel. »

Hervé Di Rosa, Lisbonne 20 mars 2015